je suis ce qu'on appelle une sang de bourbe. je suis vierge, ce qui a tendance à attirer les mâles mal intentionnés. il y a quelques temps je me suis rendue compte que je n'étais pas seulement attirée par les hommes, je suis donc bisexuelle. je suis violoniste à mes heures perdues, j'aime jouer pendant des heures et me laisser emporter, me laisser guider, tout oublier. qui suis-je vraiment au fond ? je ne le sais pas, ou plutôt j'ai peur de ne pas le savoir. on me répète sans cesse que je suis étrange, que j'ai des réactions étranges, des réflexions étranges. je passe mes journées à mordiller mon crayon les yeux dans le vide. j'ai des milliers de pensées qui me traversent l'esprit et je n'en comprends jamais la signification. je rêve que je suis une libellule, je rêve que je me noie, je rêve d'un amour idyllique, d'une fleur qui s'épanouit, d'une ville en flammes, d'un monde qui sombre, d'un homme que je ne connais pas, d'un coucher de soleil. beaucoup de gens disent de moi que je suis une droguée à cause de mes yeux perdus dans les profondeurs, de mes pensées, de mon sourire permanent et de mes paroles qui n'ont aucun sens. mais non je ne suis pas une junkie, loin de moi cette idée, je ne toucherai jamais à la drogue, même à la cigarette, parce que je suis blanche, blanche comme la neige. je pense être une personne plutôt normale, même banale. pourquoi n'est-ce pas le cas de tout le monde ? des gens qui me regardent comme si j'étais un extra-terrestre ? je sais que je suis assez extravagante, que j'aime les vêtements excentriques, la mode des années 80 mais ce n'est pas cela qui fait de moi quelqu'un de différent. andy warhol est mon idole. je pourrais passer des heures et des heures à regarder ses oeuvres fabuleuses, tout comme je pourrais passer des jours entiers à admirer ses paroles. si je devais faire un voeux ce serait de le rencontrer. j'aime la simplicité, j'aime rire sans jamais m'arrêter jusqu'à en avoir mal au ventre. j'aime les choses fabuleuses tout comme les événements que j'ai déjà vécu un million de fois. on a beau avoir joué de nombreuses fois avec moi, rien n'y fait je suis toujours aussi naïve. j'ai tendance à croire que les gens n'ont que des bonnes intentions. je suis fraiche et naturelle, je suis moi-même, je ne cherche pas à être quelqu'un d'autre. je suis très romantique, j'ai tendance à croire au grand amour beaucoup trop vite, à tomber amoureuse pour un rien, je suis une idiote et j'ai beaucoup trop vite confiance. les gens s'amusent de ma naïveté et aiment jouer avec moi. cela me brise, mais j'oublie vite, parce que je suis habituée, parce que je veux oublier, parce que j'aime être heureuse. je ne sais pas pourquoi je ne me méfie pas, je devrais pourtant avoir retenu la leçon maintenant, mais c'est dans ma nature d'être douce et trop gentille. je suis un pantin, une manipulée, une poupée que l'on garde un peu pour la jeter ensuite. j'ai encore certains traits de caractère d'une jeune enfant avec mon rire cristallin et mon air rêveur, mais peu de personnes s'en plaignent. j'aime bien boire un peu d'alcool malgré que je ne le tienne pas du tout et m'amuser, m'amuser encore et encore. car sans cela ma vie serait bien vide. je n'aime pas me compliquer la vie mais parfois cela arrive, sans que je m'en rende compte. c'est dans nos gênes, nous les femmes, d'avoir tendance à tout compliquer. j'aime l'ambiance des vieilles bibliothèques, laisser glisser mes doigts sur les nombreux livres, regarder les gens à la recherche d'une trouvaille, m'imprégner des odeurs étranges mais agréables. j'aime lire tout simplement. j'aime la poésie. je déteste ne pas savoir la fin du livre, je ne peux m'arrêter dans ma lecture, il m'est donc souvent arrivé de lire pendant une nuit entière, sans jamais m'arrêter. parfois je me demande si je n'aurais pas préféré être normale, une moldue.

Je ne savais pas où j'étais, je m'étais réveillée sur un monde totalement inconnu. Mais tellement beau. J'étais dans un champ, des milliers de fleurs le peuplant. Que faisais-je ici ? Qu'était cet endroit ? Je ne me posais pas toutes ces questions, je me sentais tellement bien, je me sentais chez moi. Je tournais en rond, les bras ouvert, souriant comme à mon habitude. Tout cela semblait si irréel. Je me suis laissée tomber dans l'herbe, caressant les douces fleurs de mes doigts, fixant la ciel d'un bleu incroyable pendant de nombreuses minutes. Je pense que j'aurais encore pu continuer pendant des heures si je n'avais pas aperçu cette silhouette. Elle courait, me souriait. Je ne connaissais pas cette jeune femme et elle me semblait pourtant si familière. Son sourire me disait de la suivre alors c'est ce que j'ai fait. Elle semblait voler tellement elle était pleine de grâce. Je la suivais en courant et puis elle disparut. Comment avais-je pu la perdre ? Je me suis mise à chercher aux alentours jusqu'à ce que j'entende une voix m'appeler, sa voix. « suis moi Muse, suis ton destin, il y a tellement de choses que tu ignores, suis moi et tu auras les réponses à tes questions. » J'étais comme envoutée par cette voix, alors je l'ai suivie, tendant l'oreille à chaque instant. Et je suis arrivée là où elle m'attendait. Elle se baignait, sous une cascade, elle m'appelait de ses mains. « saute Muse, plonge me rejoindre. » J'ai regardé en bas, ce n'était pas tellement haut. De plus je n'avais pas peur, ce n'était que de l'eau. Alors je n'ai pas hésité : j'ai sauté, un merveilleux sourire aux lèvres, insouciante. « NOOOON ! » Je ne savais pas d'où venais ce cri, il semblait me parvenir d'un autre monde, beaucoup plus loin. Mais je n'y ai accordé que peu d'attention, préférant jouir de l'instant présent. Cette sensation de vide était incroyablement merveilleuse. Jamais je n'avais encore ressenti cela auparavant. Et mon corps a enfin rencontré l'eau. Mais au lieu de ressentir un contact doux et frais, j'ai sombré dans les ténèbres. Le noir profond. Je tanguais, j'hésitais. C'était étrange. Et puis je ne me souviens plus. Je me souviens juste avoir ouvert les yeux sur une chambre d'un blanc éclatant, tellement que j'en avais mal aux yeux. Une chambre d'hôpital il n'y avait aucun doute à avoir là dessus. Des voix criaient et semblaient ne pas avoir remarqué mon réveil. « je savais qu'elle était folle, je l'ai toujours dit, mais tu ne m'as jamais écoutée. » Folle, oui pourquoi pas. « ne dis pas cela elle n'est pas folle, elle est juste perturbée, ce n'est qu'une enfant Jean, elle a besoin de temps. » « sauter par la fenêtre ! non mais tu te rends compte ? et demain elle se coupera les veines ? je refuse de m'occuper d'une folle. tu ne remarques pas que ces paroles n'ont aucun sens, qu'elle semble toujours dans un autre monde, qu'il y a d'étranges événements qui se passent quand elle est dans les parages ? il faut l'interner ! » « je ne veux plus jamais t'entendre dire cela ! au pire je lui trouverai un psy mais plus jamais tu ne parleras d'elle ainsi, c'est compris ? » Un psychologue ? Je ne comprenais pas, je n'en avais pas besoin. « maman, papa, il s'est passé quoi ? » « rien ma chérie, rendors toi. » Elle déposa un doux baiser sur mon front tandis que mon père me regardait en fronçant les sourcils. J'ai préféré ne pas pensé à ce qu'il se disait, à ce qu'il comptait faire. J'ai préféré tomber dans les bras de Morphée pour m'évader encore une fois.

« mademoiselle, cela fait près de vingt minutes que vous ne m'écoutez pas et que vous ne répondez à aucune de mes questions. » Mon dieu ce que je peux haïr les psychologues. Surtout celle-là, avec son air supérieur, sa manière de me regarder par dessus ses lunettes, ses lèvres beaucoup trop rouges contrastant avec sa peau diaphane, ses ongles parfaitement soignés, sa bouche pincée et son décolleté bien trop plongeant pour une psy. Je préfère faire semblant de ne pas l'écouter, je préfère ma balancer sur ma chaise, enroulant mes cheveux autour de mon doigt, et rire, tout cela pendant qu'elle écrit dans son calepin. Elle soupire, je l'énerve mais je m'en moque, je m'amuse. Je fais en sorte de ne pas penser que je suis en pleine thérapie. Je me demande ce que je fous là, je ne comprends pas mes parents. Je n'ai rien d'anormal, je suis jeune, je suis normale, je n'ai jamais rien fait de mal. Mais c'est ce qu'ils semblent penser. « muse ? » Je sens de plus en plus son impatience, je n'ai pas envie de l'énerver. Aussi je me tourne vers elle, mon plus beau sourire aux lèvres. « oui ? » « avez-vous retenu un seul mot de ce que je vous ai dit ? » Oui bien sûr que j'ai retenu, tout. J'ai encore en tête les nombreuses questions auxquelles elle n'a obtenu aucune réponse. J'étais intelligente pour mes seulement 10 ans. « vous m'avez posé des questions, vous avez parlé des problèmes d'enfants, j'y comprends rien, j'aimerais juste qu'on me laisse tranquille. » « et pourquoi ? » « parce que je comprends pas ce que je fais ici. » Un long soupir s'échappa de ses lèvres charnues tandis que je continue d'ancrer mes prunelles myosotis dans les siennes. Mon cas est-il si désespérant ? Elle baisse les yeux quelques instants, observant ses notes avant de les compléter. J'aimerais tellement me lever, me poster derrière elle et voir tout ce qu'elle écrit. J'aimerais tellement savoir ce qu'elle pense de moi. Il faut que je sorte d'ici, je m'ennuie, mon violon me manque. A part cette chaise à roulettes il n'y a rien d'amusant, de divertissant. Si au moins ses questions pouvaient être intéressantes, mais même pas. « dites moi, que voyez-vous ? » « pourquoi vous me vouvoyez ? » « c'est moi qui pose les questions il me semble. » J'ai souris, en effet. Ce n'était pas dans mes habitudes d'être impertinente. J'ai regardé ses dessin. Intéressant. Il me plaisait. Faisait entrer en moi des dizaines d'idées. Il pouvait être tout à la fois. J'y voyais une jeune femme enceinte qui riait, une petit village à la campagne, les beatles en plein concert, un couple qui dansait, et puis une libellule sur un nid de bonbons. Mais si je lui disais toute mes propositions elle allait me prendre pour plus folle que ce qu'elle croyait. Aussi je devais n'en choisir qu'une. « je vois une libellule sur un nid de bonbons. » Elle fronça les sourcils, observant le dessin à son tour, cherchant où je pouvais voir cela. « on ne me l'avait encore jamais sortie celle-là. » Je m'en doutais mais j'ai rien dit. J'ai attendu qu'elle parle, ce qu'elle n'a pas fait avant quelques minutes. Ce silence me faisait du bien, j'avais toujours apprécié le calme mais je savais qu'il allait être gâché par cette voix désagréable. « je reviens dans quelques minutes ... » Était-elle bête au point d'en oublier ses notes ? Apparemment oui. C'était l'occasion rêvée, je n'ai pas pu résister, grande curieuse que j'étais. Je me suis approchée de son carnet, lentement, comme si j'avais peur de ce que j'allais découvrir. Et je me suis mise à lire. Muse est une jeune fille particulière, instable, toujours dans ses pensées. Elle ne semble pas se rendre compte de ce qu'elle a fait. Elle fait des rêves étranges qui ont des répercussions sur la vie réelle, comme s'il y avait un lien entre eux et la réalité. C'est une rêveuse qui a une étrange vision du monde, de ce qui se trouve autour d'elle. Elle est autre part, sort sans cesse des phrases qui n'ont ni queue ni tête. Il y a d'étranges choses qui se passent autour d'elle, des choses que même moi je ne peux expliquer. Muse joue ... « je pense que je devrais même ajouter : est une grande curieuse. » J'ai souris, pas tellement gênée, j'aurais juste voulu en lire plus. J'aurais voulu tout savoir, malheureusement je n'ai pas eu le temps. Je me suis maudis intérieurement, mais que pouvais-je changer ? « c'est fini pour aujourd'hui muse, tu peux retourner chez toi. » Incroyable ! Elle m'avait tutoyé pour la première fois. Je lui ai fait mon plus beau sourire pour la peine, avant de quitter la pièce dans un moment de bonheur extrême.

Je savais que j'étais différente, je l'ai toujours su. Aujourd'hui, jour de mes 11 ans, j'ai reçu une lettre. Il y a une école pour les gens comme moi, pour les gens différents. Poudlard. Je ne sais pas si je vais m'y plaire. J'ai peur. Et si jamais ils étaient tous fous ? Mon père me regarde avec un air dégouté, comme si j'étais un monstre. Il avait eu raison d'un côté. Et il prenait un malin plaisir à le dire à ma mère. Celle-ci me regardait d'un air déçu, triste. Avais-je fait quelque chose de mal ? Je ne comprenais pas.

La neige avait revêtu chaque parcelle de Poudlard, ce qui me fit sourire. Je m'étais placée devant la fenêtre, observant le merveilleux spectacle qui s'offrait à moi : la neige semblant danser au gré du vent, l'arbre vêtu de blanc et un élève se promenant, laissant de légères traces derrière lui. Il ne me fallut pas longtemps avant de descendre les escaliers en courant telle une enfant pour sortir. J'ai respiré un grand coup l'air frais, appréciant chaque instant comme je le devais. C'était la période que je préférais, l'hiver. Et rien n'aurait pu faire disparaitre mon beau sourire. Je me suis promenée dans la neige, ne pensant à rien d'autre qu'à cela. Jusqu'à ce que j'arrive au lac. Celui-ci était gelé. J'ai posé un premier pied sur la glace, délicatement. De peur que la glace se brise. Mais celle-ci à résisté, et mon rire a raisonné dans le vide. J'ai marché pour arriver au centre, là où j'étais sûre de ne pas être dérangée. Et je me suis allongée. Les bras et les jambes écartées. Tel un ange. « La neige possède ce secret de rendre au coeur en un souffle la joie naïve que les années lui ont impitoyablement arrachée. » Il n'était pas rare que je me parle à moi-même, cela était même assez (trop ?) fréquent. J'étais tellement absorbée par le ciel que je n'avais pas remarqué que quelqu'un s'approchait de moi. J'ai levé le visage trop tard malheureusement. Quelques secondes plus tôt et j'aurais pu partir avant qu'elle pose les yeux sur moi, avant qu'elle me regarde intensément. Elle si provocante si dangereuse continuait de s'amuser de ma faiblesse et de ma naïveté. Et moi je ne pouvais résister. Elle m'intimidait, me charmait, me rendait folle. Comment aurais-je pu ne pas tomber sous le charme de cette personnalité si intrigante. J'étais sa proie, sa chose, son jouet, sa poupée. J'étais emprisonnée dans son filet et je ne pouvais en sortir. Piégée. Son visage revenait trop souvent dans mon esprit. Et je m'efforçais pourtant de ne pas y penser. Sa main s'est dangereusement approchée de mon visage pour caresser ma joue. « tu es si belle muse, si différente, si intrigante. » Mon souffle s'est coupé. Quand allait-elle arrêter ? J'étais pourtant une Sang de Bourbe et elle un serpent. Nous n'étions pas faites pour nous entendre. Était-ce ce qui l'amusait. Elle a vu ma détresse, et elle a rit, d'un rire à glacer le sang. Avant de poser ses lèvres sur les miennes et de partir en courant. Moi je restais là. Je ne comprenais pas. J'étais perdue, semblant attendre quelque chose sans trop savoir quoi.