♣ You don't belong to yourself
Un souffle de vent fit frémir les feuilles, un arbre sembla grincer de plaisir et des oiseaux chantèrent, comme pour remercier le printemps d'être enfin arrivé. Soudain, le rire d'une petite fille s'ajouta au tableau. Mais en y prêtant un peu plus d'attention, on se rendait compte que ce rire était... dérangeant. Ce n'était pas de ce genre de rires joyeux ou amusé, non ; quelque chose de mauvais en transparaissait. Ce rire en question appartenait à une petite fille blonde aux cheveux bouclés. Son visage aurait pu être celui d'un ange et lorsqu'on la regardait, on n'avait qu'une seule envie : la rendre heureuse, et si l'on avait le malheur de croiser son regard d'un bleu presque translucide alors l'envoûtement était total. Et pourtant cette petite fille d'à peine 6 ans riait tout en regardant son chat, son fidèle compagnon Mieschief, jouer avec une souris. Ou les mots exacts seraient plutôt, déchiqueter une souris. Et au lieu d'effrayer la petite fille, son rire cristallin s'élançait dans les airs, un écho presque démoniaque vous vrillant les oreilles. On entendait également raisonner les crachotements et grondements du chat. Soudain, des éclats de voix d'enfants se firent entendre dans le fond du jardin et quelques secondes plus tard, deux petites filles arrivaient en courant. L'une d'entre elle sauta sur la petite blonde en lui serrant le cou.
« Alayna qu'est ce que tu faiiiis ? » La petite blonde leva des yeux pétillants vers sa grande sœur et avec un nouveau rire cristallin, elle lui montra Mieschief
« Regarde Deamon, Mischief a trouvé un jouet ! » La plus grande des trois petites filles posa alors les yeux sur la misérable bête qui était encore en vie ; sa minuscule cage thoracique se soulevait au rythme de son souffle effréné inspiré par la peur. Un air de dégoût se dessina sur le beau visage de la petite brune. Elle leva alors la main en un geste presque imperceptible et aussitôt la petite bête arrêta de bouger. Elle était morte.
« Venez, les invités sont arrivés. » Les deux autres petites Rosier se détournèrent de la scène, la mort du petit animal la rendant subitement inintéressante. Alayna se leva rapidement, manquant de retomber par terre, mais ses deux soeurs la prirent par une main et ensemble, elles se mirent à courir vers la grande maison familiale qui était connue pour accueillir régulièrement des réunions familiales ainsi que des soirées auxquelles toutes les grandes familles de sorciers étaient conviés. Bien que trop petite pour comprendre ce que c'était, Alayna aimait particulièrement lorsque des gens venaient chez elle, car alors c'était un peu comme une fête - bien qu'en moins joyeux. Lorsqu'elles débarquèrent dans le grand salon, les adultes parlaient à voix grave entre eux mais personne ne releva leur présence. Elles se faufilèrent entre de grandes jambes. C'est alors qu'Alayna aperçu une tête blonde. Elle regarda attentivement, l'espoir venant de s'éveiller dans sa poitrine de petite fille, et enfin, la personne en question se retourna, dévoilant son visage aux yeux enfantins. Les doigts de la petite blonde glissèrent entre ceux de ses sœurs tandis qu'elle s'élançait en avant vers le petit garçon.
« Daeron ! » Elle arriva en trombe sur son cousin et l'entoura de ses bras. Son rire cristallin avait cette fois-ci attiré l'attention et les adultes alentours posèrent un regard choqué sur l'étrange couple. Mais qui étaient-ils donc pour avoir si... joyeux. Certains ressentirent un dégoûts profond, d'autres du mépris. La catastrophe était à la porte, et bientôt une tempête s'engouffrerait pour tout détruire. Alayna sentit alors une main l'attraper par le col de sa robe et la tirer en arrière. Une autre main tout aussi ferme se referma sur le bras enfantin et la petite fille se fit trimballer comme un paquet jusqu'à la cuisine vide. Elle ne comprenait pas ce qu'il se passait mais déjà ses yeux se remplissaient de larmes. Le visage furieux de sa mère apparu alors devant elle, son bras toujours emprisonné par la poigne vigoureuse.
« Non mais à quoi joues-tu Alayna Belle ? » Les lèvres de la petite en question se mirent à trembler ; lorsque sa mère utilisait ses deux prénoms, c'était grave et elle savait qu'elle allait passer un sale quart d'heure. De plus, si ses yeux sombres avaient pu foudroyer quelqu'un, alors la petite blonde serait déjà étendue par terre. Et le pire, c'est qu'elle ne savait pas ce qu'elle avait fait de mal. Elle se contenta alors de regarder sa mère avec de grands yeux humides, les larmes perlant à ses cils.
« Sachez jeune fille que l'on ne se comporte pas comme ça en public ! Surtout pas ! Nous n'accepterons pas qu'une telle honte s'abatte sur la famille ! » Sa mère était hors d'elle, et les lèvres enfantines tremblaient de plus en plus belle.
« Et ne t'avises pas de pleurer ! » Ajouta t-elle d'une voix féroce. Sur ce, elle tourna les talons et sortit de la cuisine, un orage de colère et de honte flottant au dessus d'elle. La petite fille essaya de se retenir, de ne pas pleurer. Il ne fallait surtout pas, car sinon... elle ne savait pas ce qu'il se passerait, mais elle savait que ce serait terrible. Elle n'avait presque plus à contenir ses pleurs lorsque Erwana entra dans la cuisine, suivie de près par Daemon. Elles s'approchèrent de leur petite sœur.
« Viens, c'est pas grave, maman ne t'en veux pas tu sais. » Daemon baisa la main tremblante de sa petite sœur qui la regarda, les yeux embués.
« Tu crois ? » Erwana s'approcha d'elle et l'entoura de ses bras pour déposer un baiser sur sa joue.
« Bien sûr. Mais il ne faut plus jamais que tu fasses ce genre de choses. Les Rosiers ne font pas ça. D'accord ? » Sa voix était douce et apaisante et la petite blonde, bien qu'encore très triste, sentit une chaleur l'envahir. Un sourire se dessina sur ses lèvres.
« D'accord. » ♣ You have to hide
Un feu brûlait ardemment. Les flammes grésillaient, le bois craqua. Des voix recouvrirent alors ces bruits ; des élèves étaient en train de discuter gaiement dans des canapés autour du feu, d'autres révisaient un peu plus loin, attablés à de grandes tables rondes, semblant crouler sous les bouquins. La pièce entière était dans les tons jaune et noir. Cela faisait désormais 5 ans que la petite Alayna était devenue une poufsouffle, et bien que cette maison lui convenait parfaitement, les autres élèves se demandaient pourquoi le choixpeau l'avait envoyée là.
« Alayna ! » Une voix masculine venait de retentir dans la salle commune. Celle qui venait d'être interpellée se retourna et haussa un sourcil.
« Qu'est ce que tu veux Stanway ? » Le beau jeune homme s'approcha d'elle, un sourire charmeur aux lèvres ; vous savez, ce sourire avec lequel il faisait tomber presque toutes les jeunes filles dans ses bras, celui avec lequel il charmait tant de gens pour arriver à ses fins. Mais Alyna n'y était pas sensible. Elle était la seule à Poufsouffle à ne pas se mettre à sourire niaisement lorsqu'il lui adressait la parole. Il ne l'atteignait pas. Enfin presque.
« Pourquoi ne pas commencer par m'appeler par mon prénom ? » Elle haussa un sourcil et se mit à taper du pied.
« Abrège veux-tu ? » Pendant une fraction de seconde, le jeune homme perdit son sourire charmeur, mais il ne se laissa pas démonter pour autant.
« J'aimerais que tu viennes avec moi ce week-end à Pré-au-Lard... Peut être pourrais-je enfin percer cette carapace ? » Un regard arrogant, d'une main il caressa la joue de la jolie blonde. Le regard d'Alayna devint dur et inflexible. Aussitôt, son esprit se tourna vers sa meilleure amie qui n'était qu'à quelques centimètres d'elle et qui, elle le savait, devait énormément souffrir du geste que ce sale c*n venait de faire.
« Retire cette main tout de suite. » Ce qu'il fit, grand heureusement pour lui. Car la main de la poufsouffle s'était aussitôt dirigée vers sa poche, des fourmis lui parcourant les doigts, comme si sa baguette elle-même la suppliait de l'utiliser et de jeter un sort à ce garçon si arrogant et trop sûr de lui. Elle ne prit même pas la peine de lui répondre - car il était évident que la réponse était négative - et elle sortit de la salle commune. Elle avait beau bouillonner à l'intérieur d'elle-même, au dehors, elle ne laissait rien transparaître. Mais pour qui se prenait-il à la fin ?? Vraiment, il était le genre même du type qu'elle ne peut supporter. Elle d'habitude qui aime tant provoquer les garçons, elle repousse totalement ceux qui sont trop sûrs d'eux. Ce n'était là que juste punition pensait-elle, car alors ils avaient enfin ce qu'ils méritaient. Toujours en train de fulminer intérieurement, ses jambes la menaient toutes seules jusqu'à une destination encore inconnue à son cerveau, lorsqu'au coin d'un couloir... BAM !
« Et bien chère cousine on ne fait plus attention où on marche ? » Alayna releva la tête. Un sourire se dessina sur ses lèvres.
« Et si je l'avais fait exprès ? » Lui répondit-elle alors, des étincelles de malice pétillant dans ses yeux. Les amis de son cousin avaient continué leur chemin tandis que lui s'était arrêter afin de dire quelques mots, et désormais ils l'appelaient. Daeron regarda en arrière, puis il tapota la tête de la petite blonde.
« Allé, fais attention à toi hein. » Et il rejoint ses amis. Derrière lui, une troupe de jeunes filles se mirent à glousser en le regardant et elles le suivirent, les yeux pleine d'étoiles. Face à cette scène, Alayna leva les yeux au ciel. Son regard se posa alors sur sa meilleure amie qui semblait elle aussi ne plus être sur terre. Elle lui agrippa le bras et l'entraîna donc à sa suite.
« Allé Suri, viens on va manger. » Et elles se dirigèrent vers la Grande Salle. Le diner allait bientôt être servi, et ça ça allait très certainement faire revenir son amie sur terre - elle qui était si gourmande, rien qu'évoquer l'idée de nourriture la faisait revenir sur terre. Suri sembla revenir à la vie, et elle lui sourit en riant, dévalant les marches, traînant désormais Alayna derrière elle. Cette dernière ne put d'ailleurs s'empêcher de rire à son tour. A peine quelques secondes plus tard, les deux jeunes filles entraient dans la salle bruyante. La plupart des poudlardiens étaient déjà là, et les éclats de voix que l'on entendait ça et là en étaient la preuve. Sur leur passage, un groupe de jeunes filles éclatèrent de rire, trois jeunes hommes se crièrent des blagues, et enfin elles se glissèrent sur le banc de leur table. Alayna elle, c'était pas du tout du genre gourmande. Alors pour elle comme d'habitude le repas fut un peu long. Et lorsqu'elle vit une tête blonde se lever de la table des Serdaigles pour disparaître ensuite derrière la porte qui communiquait avec le Grand Hall, elle se leva en murmurant à Suri de la rejoindre à la Salle Commune quand elle aurait fini. Elle se dirigea nonchalamment vers le Grand Hall tandis que d'autres élèves eux aussi sortaient de table. En arrivant dans l'entrée, elle ne prit cependant pas les escaliers, mais elle tourna vers la droite dans un couloir. Elle s'enfonçait de plus en plus, et elle allait tourner à gauche au bout quand des bras l'attrapèrent en la tirant sur le côté.
« Alors tu ne peux pas te passer de moi ? » Un rictus amusé se dessina sur les lèvres de Daeron. La poufsouffle haussa les sourcils et croisa les bras sur sa poitrine.
« C'est plutôt moi qui devrais dire ça. » Un sourire magnifique se dessina alors sur le visage du beau blond, il se pencha vers elle et la prit dans ses bras, enfouissant sa tête dans le creux du cou délicat de la jeune fille.
« Oui tu as raison. » Un soupir d'aise s'échappa de la petite blonde et elle serra son cousin contre elle. Depuis leur plus tendre enfance, ils devaient se cacher pour pouvoir faire ce genre de choses, pour pouvoir être une vraie famille. Car les Rosiers ne faisaient pas ça, et encore moins un homme.