LE DIABLE EST PRINCE DU LENDEMAIN

Deyvon à toujours eu une profonde aversion pour les plantes, et cela depuis sa tendre enfance. Il n'a jamais aimé la botanique et encore moins le professeur qui l'enseignait. Mais, il fallait avouer que de simples feuilles s'avéraient bien pratique pour certaines potions que l'aiglon avait besoin de réaliser de temps à autre. Inutile de préciser que la plupart de ses concoctions étaient prohibées par le règlement, mais cela il s'en foutait. Après tout il était préfet, il faisait ce qu'il voulait quand il le voulait, puis l'absence de couvre-feu, enfin quasi-absence lui permettait d'accomplir ses actes plus facilement. Ce soir-là le serdaigle avait décidé d'aller faire un petit tour dans les serres de botaniques, la troisième plus précisément, la plus dangereuse par-dessus tout. Non pas qu'il appréciait cet endroit, mais c'est ici qu'on trouvait les plantes les plus rares et celles dont avait besoin Deyvon. Faisant croire aux autres préfets qu'il ferait un simple détour pendant sa ronde il s'esquiva du reste du groupe pour continuer sa route seul dans les longs couloirs du château encore silencieux à cette heure tardive de la nuit. Il portait l'uniforme réglementaire et mon dieu qu'il pouvait haïr cela, son pull le grattait affreusement et sa cravate était bien trop serrée pour laisser passer l'air dans sa trachée, mais, bon c'était le règlement, et si un professeur venait à le surprendre habillé comme un moldu sa petite balade nocturne finirais dans son dortoir. En parlant de ça, il n'avait pas vu Melvin aujourd'hui, ni dans la salle commune, ni dans le château. Étrange. Deyvon secoua la tête négativement pour sortir son meilleur ami de ses pensées, après tout ils n'étaient pas collés vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Les pas du jeune homme se firent léger sur le sol, si ce n'était qu'on ne l'entendait à peine marcher, même le vent qui soufflait à l'extérieur émettait plus de bruit. Il prit soin à chaque tournant de regarder par-dessus son épaule, il n'avait pas envie d'être suivi, surtout vu l'acte qu'il allait bientôt commettre. Prudent. Oui, Deyvon essayait de l'être surtout dans ses moments là, même un peu trop parfois, surtout avec les femmes qui lui proposaient des relations "longs termes", pourtant à chaque fois il refusait. Cruel poison qui fait si mal aux entrailles. C'est ce que les femmes lui inspiraient, surtout sa mère qui l'avait laissé tomber pour aller avec un vulgaire moldu. L'aiglon continua sa marche pendant une bonne dizaine de minutes, faisant toujours un peu plus preuve de prudence à chaque fois qu'il approchait un peu plus de la serre numéro trois.

Il adorait se promener la nuit, le paysage à Poudlard était d'autant plus magnifique, mais il y avait autre chose, une sensation si spéciale que seul Deyvon avoir la faculté de la ressentir en lui. C'était un oiseau de nuit. Des sorties nocturnes comme celle-ci n'était pas la première, et sûrement pas la dernière, il avait provoqué quelques frayeurs à son père étant plus jeune, en effet le serdaigle s'enfuyait souvent de la maison pour aller observer les étoiles dans le parc voisin qui partageait la rue où il habitait. À la fin de ses longues périphéries dans les couloirs il atteignit le parc. À peine sorti, le froid piquant vint attaquer sa peau à travers le tissude laine. Certes c'était l'automne, mais l'hiver approchait à grand pas, plus vite que les années précédentes. Mais cette sensation désagréable fût vite atténuée et rendu inerte à la simple vue des serres ou d'étranges sons avaient l'air d'y provenir. Sûrement les plantes. Puis qui à cette heure-ci aurait eu la folle envie d'aller se promener dans l'endroit le moins drôle et l'un des plus casse-gueule de l'école. Il descendait les dernières marches d'un pas rapide, tandis qu'une flamme s'allumait dans ses yeux d'un bleu opale. Il approchait du but. Les toutes dernières marches glissèrent sous ses pieds alors que les sons désagréables à l'écoute s'accentuaient. Trois immenses serres se dessinaient devant lui. Des vitres crasseuses, d'autres brisées, il le sait, il est au bon endroit. Il marchait, tranquillement, pour s'arrêter un peu plus loin devant la serre numéro trois qui s'annonçait avec une enseigne de bois " serre numéro trois; accès interdit ". Interdit dites vous? Rien n'est interdit pour Deyvon. Il s'approchait tendant une main vers la poignée qu'il essaye de tourner à gauche, puis à droite, mais en vain puisque rien ne se passe, la porte est apparemment bloquée par un sortilège. L'aiglon s'y attendait, sinon cela aurait été bien trop simple et moins jouissif à son goût. Allant chercher sa baguette à l'aide de sa main droite il l'extirpe de sa poche arrière et la laisse couler dans ses doigts de pianiste avant de la pointer sur la poignée.

Des étincelles sortent du bout du manche en bois mais la porte reste toujours fermée. Deyvon grogne et commence à s'impatienter. La manière douce n'a pas marché alors peut être que la forte marchera. Il se reculait d'un simple pas et tendait le bras une nouvelle fois dans la direction de la poignée, tenant fermement sa baguette, même un peu trop fort vu que la veine de son poignet ressortait légèrement de sa peau, laissant apparaître un léger tracé bleuté.

« Opernum minima ! »

Le faible son s'échappa d'entre ses lèvres mais fût vite couvert par le bruit de la poignée et le bois alentour qui explosa en plusieurs importants morceaux qui s'était étalés un peu partout sur le sol. Le génie du jeune homme lui avait servi à faire ça, mais malgré tout même après avoir réduit le sort au minimum de sa puissance le vacarme qu'il avait provoqué avait résonné aux alentours de la serre, tout ce qu'il espérait ce que cet acte n'alerterait personne qui rappliquerait immédiatement vers lui. Deyvon entra dans la serre en refermant la porte - enfin ce qu'il en restait - derrière lui. Son regard vint se poser sur les différentes plantes qui se trouvaient autour de lui, non il n'était pas soudainement intéressé par la botanique, il faisait juste un simple tour d'horizon pour repérer ce dont il avait besoin. L'aiglon gardait tout de même sa baguette à la main - on n'était jamais à l'abri d'une plante folle - et il avançait doucement, s'aventurant doucement dans la serre ou une chaleur ambiante importante régnait. Ses prunelles vinrent se poser sur son graal de la soirée. Des oeufs gelés d'Ashwinder. La perle rare pour les philtres d'amour, même si à Poudlard ceux-ci sont interdits. Oui, un philtre d'amour, depuis un moment le jeune homme avait repéré une jeune proie qu'il mettrait volontiers dans ses draps et entre ses mains expertes mais elle ne semblait pas vraiment décidée à se laisser faire. Deyvon était un grand impatient et pour lui le philtre d'amour était un moyen rapide et efficace de pouvoir une nouvelle fois s'amuser.

Une nouvelle fois l'aiglon grogna à la manière d'un chien en colère. Les oeufs étaient protégés par des Tentacula. Affreuses plantes. C'était le summum des plantes à éviter dans le classement du serdaigle. Approchant à tatillon de sa cible il esquiva de peu une morsure mais il n'avait pas peur, elles n'étaient pas venimeuses. Il plongea sa main vers les oeufs mais se la fit mordre violemment par une tentacula qui resta accroché à son poignet dont il réussi à briser la tige et à s'en débarrasser malgré une plaie ouverte et sanguinolente qui l'élançait un peu. Impulsif c'était la son plus grand mal qui trahissait son génie, il agissait avant de réfléchir la plupart du temps et souvent cela lui portait à défaut. Il ne retenta pas sa chance avant une bonne dizaine de minutes et se fit de nouveau mordre alors que derrière lui des pas s'approchaient. Il se cacha derrière un pot immense et pointa sa baguette vers la porte, la mine sérieuse. Il soupira quand il silhouette bien connue apparue devant ses yeux. Se relevant il abaissait sa baguette et la rangea dans sa poche avant.

« Par la barbe de Merlin c'est toi... J'ai cru que c'était cette vieille harpie qui venait vérifier ses plantes... »

Deyvon retourna à ses occupations, ignorant presque Melvin, fronçant les paupières pour tenter de trouver une solution tandis que le sang commençait à coaguler sur ses deux plaies. L'aiglon se tourna vers Melvin, s'éclaircit la voix avec une moue presque suppliante sur le visage en direction de son acolyte.

« Dis ça t'ennuierais de m'aider avant que je me fasse bouffer un doigt ?! » montrant les oeufs qui l'intéressait tant à l'aide ses mains, toujours une moue suppliante sur le visage. Il essayait toujours d'attraper les œufs à l'aide de ses mains, par des coups rapides en évitant les morsures mais chaque tentative échouait et ses mains commençaient à le faire souffrir. Sentant la proximité de Melvin, une question le trottinait depuis un moment dans son esprit et il observa son meilleur ami d'un de ses regards qui essaye de percer les mystères les plus secrets des gens. « Au faite, j'était à la fête l'autre jour et je t'ai vu avec ce Lupin, je croyais que tu le fréquentais pas? »

Un air innocent se dessina sur son visage, bien sûr ce n'était pas ses affaires mais il adorait plus que toutes les choses étranges et les petits secrets... surtout ceux de son meilleur ami qui était souvent les plus croustillants à se mettre sous la dent. Deyvon reposa ses yeux sur les œufs, ses chers œufs qui l'obsédaient tant depuis tout à l'heure, comment allait-il faire pour s'en emparer?

LA GOUTTE D'EAU QUI FAIT DÉBORDER LE VASE.

Cette journée on devait le reconnaître n'était pas une partie de plaisir. Et cela avait commencé très tôt. Dès le matin, un réveil brutal l'avait assommé de toute sa masse, Wendy Damarys. Il était arrivé en retard au cours de potions, et s'était fait sortir du cours. La joie, en somme. Oh que non, ce n'était pas une bonne journée pour Melvin Roger Londubat. Même une très mauvaise.

Les cours enfin terminés, il se rua dans son dortoir et en passant par la salle commune et croisa Wendy. Elle lui fit ses excuses pour la retenue qu'il s'était prise en cours de potions pour son retard. Car en fait, si son plan avait marché, il se serait fait passé pour malade, mais Wendy l'avait forcé à venir en cours, et finalement ils étaient tous les deux arrivés quelques minutes en retard. Wendy, élève modèle, n'avait reçu aucune sanction, mais Melvin s'en était pris plein la vue. Le professeur ne l'avait pas épargné.

« Melvin, tu me pardonnes hein ? » s'en allait-elle, pendue à son bras. Qu'est-ce qu'elle pouvait être collante parfois.

Melvin décida de passer son chemin en lui faisait un signe de tête signifiant que ce n'était rien. Il fut tellement content de retrouver son lit et son oreiller empli de fraîcheur qu'il en oublia cette histoire de réveil brutal. Cependant, son moral, lui n'en avait pas perdu une miette. Faisons le compte. Pour l'instant, réveil merdique + retenue en potion + excuses agaçantes. Déjà pas mal, et la journée n'était pas encore terminée. Sans oublier les meurtres de la veille qui avait chamboulé tous les élèves, de loin ou de près. Loin de là. Melvin aurait voulu se coucher pour se réveiller le lendemain matin, sans tracas trottinant dans sa petite tête. Il regarda par la petite fenêtre ronde qui était à droite de son lit, le ciel était d'une couleur rose, avec de légers reflets bleutés. Que le crépuscule était joli aujourd'hui. Mais Melvin ne l'admira pas très longtemps, et fila dans les salles de douche, juste à côté des dortoirs. Il se passa un filet d'eau sur le visage pour se réveiller, comme si ce rituel allait effacer tous les mauvais souvenirs de cette journée. Après s'être réajusté le col de chemise et passé une main furtive dans les cheveux - car tout était dans le geste - Melvin descendit dans la salle commune qui n'était ni trop bondée, ni trop vide. Juste pile poil comme il faut. Melvin sortit un bouquin de potions qui avait pour nom Les Remèdes Soporifiques. Ce livre était le principal sujet de son prochain devoir de potions qui avait intérêt à être bien fait sinon elle se prendrait encore une claque au sens figuré. Mais il s'en lassa vite, et laissant tout en plan, décida de faire une promenade dans le parc, histoire de s'aérer les poumons.

Le parc était son remède à lui, contrairement à ce que prétendait le professeur de potion : un remède est obligatoirement une potion, insistait-il dès qu'il le pouvait. Mais se laissant porter par son instinct, Melvin se dirigeait peu à peu vers les serres sans le savoir vraiment. Et sans l'avoir prédit. Il divaguait maintenant entre les serres floues et mates qui ne montraient que des ombres de plantations. Mais ce n'étaient pas des plantations ordinaires. Magiques. Elle étaient magiques, et un quelconque moldu aurait fait un infarctus s'il avait vu à travers le carreau flouté une plante bouger comme une Mandragore, un Tentacula ou autre plante répugnante. Mais à travers un morceau de serre transparente, il vit une silhouette qui ne ressemblait en rien à une plante. Un élève. Et pas n'importe quel élève. Son meilleur ami : Deyvon Scamander. Il aurait reconnu ses cheveux bruns-roux en bataille entre milles, ainsi que son allure de dragueur. Il contourna la scène dans le but de le surprendre pour lui octroyer une frousse bleue. Melvin n'était pas d'humeur aujourd'hui mais ce petit tour le ferait bien rire. Il arriva derrière son ami, occupé à voler des oeufs de il-ne-savait-quelle-plante. Son ami sursauta, distinguant une ombre derrière lui, mais Melv ne dit rien.

« Par la barbe de Merlin c'est toi... J'ai cru que c'était cette vieille harpie qui venait vérifier ses plantes... » Melvin ne dit toujours rien, le regardant d'un air amusé mais sérieux. Deyvon essayait de voler un oeuf. Difficilement apparemment. « Dis ça t'ennuierais de m'aider avant que je me fasse bouffer un doigt ?! » Melvin ricana. « Tu rigoles ou quoi? J'vais pas devenir complice d'un vol d'oeufs pour tes beaux yeux. » Melv avait le sourire aux lèvres, se délectant de son ami qui était en mauvaise posture. Deyvon changea de sujet, en essayant d'ennuyer son ami. « Au fait, j'étais à la fête l'autre jour et je t'ai vu avec ce Lupin, je croyais que tu le fréquentais pas? » Melvin s'étonne faussement. « Ah bon, moi j'ai dit ça? » La comédie de Melvin était mauvaise, c'était certain. Il réfléchit. « J'en reviens pas. Tu me parles d'un soupçon bidon avec Lupin alors que y a eu des morts hier? T'as vraiment aucune morale. Je te reconnais pas là. »

Melvin mentait bien cette fois-ci. Il faisait l'air faussement choqué. Et Deyvon marcha en plein dans le mille, à la grande stupéfaction du piaf. Il détourna le regard et fit mine de râler. Il remonta le talus qui bordait les serres, ignorant Deyvon, et en ne sachant pas s'il allait le rappeler.